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La Plume

Notre-Dame de Paris : une histoire moins connue

Dernière mise à jour : 10 juil. 2019

Cette semaine, l’enquête judiciaire concernant l’incendie de Notre Dame de Paris a pris fin.

Mais aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de cette vieille Dame sous un autre angle que celui des flammes de l’enfer.



Notre-Dame a vu défiler à ses pieds, et même en son cœur, des tas d’histoires, dont, bien entendu, des histoires d’amour. Et je ne vous parle pas de Quasimodo et son penchant pour une certaine Esméralda.


Non, aujourd’hui je vais vous parler d’un événement moins raconté, le mariage de Napoléon III.


Figurez-vous que les ornements apportés à la cathédrale par l’architecte Viollet-le-Duc, et pas seulement la flèche (achevée bien plus tard, en 1859), ont été commandés par cet empereur, justement à l’occasion de son mariage ! Sans les amours de l’empereur, il n’y aurait sans doute pas eu de nouvelle flèche…


Deux mois plus tôt, le 2 décembre 1852, Napoléon III est devenu empereur. Or, il est célibataire. Catastrophe pour l’époque !!! Ça ne se fait tout simplement pas.

Il est urgentissime de lui dégotter une impératrice, et plus vite que ça !! Cupidon n’a évidemment pas son mot à dire. Le mariage d’un empereur, c’est une histoire politique. Il faut lui trouver LE meilleur parti, celui qui apportera à la France, et pas forcément au mari.


Napoléon s’en cogne complètement… son truc à lui, c’était plutôt de courir les jupons… Bon. La grande classe quoi.

Mais en 1849, il a rencontré celle qui est considérée comme l’une des plus belles femmes de son temps : Eugénie de Montijo. Son nom complet est vachement plus rigolo (prenez une grande inspiration avant de vous lancer ^^) : Maria Eugenia de Palafox-Portocarrero de Guzman y Kirkpatrick, Marquise d'Ardales et de Moya, Comtesse de Teba et de Montijo. Ça en jette, hein ?




Napoléon est totalement sous le charme de la belle, qui en plus d’être jolie, est très aimable, possède une intelligence remarquable, et une solide culture (ses précepteurs n’étaient autres Stendhal et Mérimé, rien que ça…).

Raide dingue amoureux, Napoléon lui livre une cour assidue, pendant près de 2 ans ! Mais en vain : la demoiselle l’affirme, elle ne cèdera qu’après le mariage. Or, le mariage de Napoléon est une affaire d’Etat, et il n’est pas vraiment libre de choisir.


En décembre 1852, il passe une dizaine de jour au château de Compiègne. Parmi les convives se trouve aussi Eugénie de Montijo. La centaine d’invités est frappée par les attentions dont Eugénie fait l’objet de la part de l’empereur. Il la couvre de cadeaux. Par exemple, si lors d’une promenade, Mademoiselle de Motijo, s’émerveille de la beauté de quelques gouttes de rosée sur un trèfle, le lendemain l’empereur lui fait apporter une broche en forme de trèfle, constitué d’émeraudes et de diamants… La jeune femme arborera toute sa vie cette broche comme un porte bonheur…

Mais Eugénie continue de résister. Sans mariage, il n’aura rien d’elle.


La réputation d’Eugénie commence à souffrir des ardeurs du prince. Les langues de vipères se délient et on insulte sa vertu. En janvier 1953, lors d’un bal, Eugénie est injuriée en public par l’épouse du Ministre de l’Education, ce qui rend malade son illustre soupirant. Il ne peut laisser dire, il doit agir !!!


Alors, Louis-Napoléon Bonaparte, empereur des Français, fait fi de la politique, des conventions, des pourparlers engagés, et de l’avis de tous ses proches : il épousera Eugénie, quoi qu’il en coûte !

Il convoque tous les représentants du peuple : Sénat, assemblée législative, et même Conseil d’Etat. Et très officiellement, il fait une des plus belles déclarations d’amour de l’Histoire de France.

Après avoir vanté les qualités de l’élue de son cœur, il déclare devant les institutions : « Je viens donc, Messieurs, dire à la France : J'ai préféré une femme que j'aime et que je respecte, à une femme inconnue dont l'alliance eût eu des avantages mêlés de sacrifices. »

Un mariage d’amour à la tête de l’Etat… c’est à la fois très moderne et follement romantique. Les mauvaises langues n’ont plus qu’à se taire, tandis que la popularité de l’Empereur au sein du peuple devient immense.


Les préparatifs du mariage mettent la France en effervescence. Tous veulent participer.

Guerlain crée exprès une eau de Cologne impériale, qu’il offrira aux jeunes mariés dans le fameux flacon aux 69 abeilles, conçu pour l’occasion (l’abeille est l’un des attributs de l’Empire). Joli coup marketing au passage : il devient ensuite le parfumeur de la couronne, et son flacon iconique est encore produit aujourd’hui.

Quant à la Ville de Paris, elle offre à Eugénie un superbe collier de diamants… qu’elle refuse ! Elle demande à ce que la somme correspondante soit consacrée à la construction d’un orphelinat pour jeunes filles, dédié à leur instruction professionnelle. Durant tout son règne, elle contribuera à ses frais de fonctionnement, sur ses deniers personnels.

L’impératrice marque les esprits et est admirée pour ses qualités humaines.


Ce mariage d’amour est célébré en grande pompe.

Civilement, le 29 janvier 1853 (séparation de l'Eglise et de l'Etat oblige...), et le lendemain sous les rosaces de Notre Dame de Paris. La vieille cathédrale et ses orgues offrant leur bénédiction à ce couple inattendu, mais admiré.


Pour ce jour exceptionnel, la mariée porte une robe de velours blanc uni, dont la jupe est couverte de volants de dentelle au point d'Angleterre et non d'Alençon (presque scandale !) : pour être assorti au voile parce que la demoiselle n'en pas trouvé qui lui convenait au point d'Alençon. Le corsage est couvert d'épis de diamants sur le devant. Son voile tombe sur les épaules et est attaché sur la tête par une petite couronne de fleurs d'oranger et un diadème de saphirs. Elle est couverte d'un manteau d'hermine.


Dernière petite anecdote : vous connaissez la fameuse comptine "Lundi matin, l’empereur, sa femme et le petit prince, sont venus chez moi pour me serrer la pince..." (oui, je sais, vous l’avez dans la tête maintenant… ne me remerciez pas…), et bien elle fait référence à Napoléon III, l’impératrice Eugénie, et à leur fils unique. Si si :-)


Cette cathédrale, indépendamment de son aspect religieux, ce n’est pas juste un tas de pierres. Elle est reliée à des tonnes de circonstances, plus ou moins importantes.

C’est le témoin d’événements terribles pour certains, et d’autres merveilleux.

C’est une part de l’Histoire.

C’est Notre-Dame de Paris.




© photo : capture frenchweddingstyle.com ; L'impératrice Eugénie parée d'un diadème de perles, de bracelets et colliers, par Franz Xaver Winterhalter (musée d'Orsay) ; capture saveursetcuisine.canalblog.com.

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